Cryptomonnaie : un placement financier de diversification atypique

Cryptomonnaie, définition

Zoom sur la notion de cryptomonnaie, sa définition et les principaux cryptoactifs accessibles à ce jour.

Qu’est-ce qu’une cryptomonnaie ?

Les cryptomonnaies se définissent à la base comme des systèmes de paiement numérique décentralisés. Cela signifie que leur utilisation n’est pas supervisée par les banques traditionnelles ou les banques centrales. Pour l’Autorité des marchés financiers (AMF), les cryptomonnaies, également appelées cryptoactifs ou cryptodevises, constituent “des actifs numériques virtuels qui reposent sur la technologie de la blockchain” en s’appuyant sur “un protocole informatique crypté”.

L’AMF précise clairement que, dans sa définition, la cryptomonnaie n’est pas une monnaie à proprement parler. A ce jour, leur utilisation en tant que moyen de paiement reste limitée en France. Néanmoins, il reste tout à fait possible d’acquérir des cryptoactifs de façon légale.

Une cryptomonnaie comme le Bitcoin, de loin le cryptoactif le plus répandu, peut constituer un placement financier pour les investisseurs. La valeur de l’actif est fixée par l’offre et la demande, il est ainsi possible d’engranger des profits si la valeur à la revente est supérieure au prix d’acquisition. Il s’agit cependant d’une catégorie d’actifs particulièrement volatils et spéculatifs, qu’il convient de manipuler avec précaution si l’on souhaite y investir son argent.

De plus, les cryptodevises ne sont pas considérées comme des instruments financiers à part entière par les autorités. La réglementation encadrant leur usage et les transactions reste, de l’aveu même des pouvoirs publics, embryonnaire.

Les avantages des cryptomonnaies

Création et cours du Bitcoin

La première cryptomonnaie, le Bitcoin, a vu le jour en 2009. Son créateur est connu sous le pseudonyme de Satoshi Nakamoto, sans que l’on sache s’il s’agit d’un individu ou d’un groupe de personnes. Le document fondateur du Bitcoin, appelé le « white paper », a été publié en 2008 et décrivait le Bitcoin comme un « système de paiement électronique peer-to-peer ». Le créateur souhaitait inventer ainsi une devise qui ne dépend pas des institutions financières ou des gouvernements en permettant des échanges directs entre participants.

Depuis sa création, le Bitcoin a rencontré une popularité florissante. A titre d’illustration, on dénombrait 19,33 millions de Bitcoins en circulation au 2ème trimestre 2023 selon le portail de statistiques Statista. Début 2011, ce nombre se situait à “seulement” 5,8 millions. A terme, le nombre total de Bitcoins mis à disposition du public ne devrait pas dépasser 21 millions, selon le protocole de la cryptomonnaie. Cela doit permettre d’engendrer une rareté intrinsèque, qui pourrait contribuer à la valorisation de l’actif dans le temps.

A fin juin 2023, la capitalisation du Bitcoin se situe aux alentours de 550 milliards d’euros. Ce montant fluctue cependant selon l’évolution du cours de la cryptodevise dans le temps. Le cours du Bitcoin a très fortement fluctué depuis 2017, année durant laquelle il a commencé à voir sa valeur significativement augmenter. Elle a atteint un record en novembre 2021 (près de 60 000 €), avant de redescendre aux alentours de 15 000 euros environ un an plus tard. Fin juin 2023, le cours du Bitcoin se situait à environ 28 000 euros.

Les principales cryptomonnaies

A date, deux cryptomonnaies dominent leur marché : le Bitcoin (BTC) et l’Ether (ETH), issu de la technologie Ethereum pour ce dernier. A elles deux, elles pèsent plus lourd, en termes de capitalisation, que la totalité des autres cryptodevises.

Parmi les autres actifs numériques notables au regard de leur capitalisation, on peut citer :

• Tether (USDT) ;
• Binance Coin (BNB) ;
• USD Coin (USDC) ;
• Solana (SOL) ;
• Ripple (XRP) ;
• Terra Luna (USTC) ;
• Cardano (ADA) ;
• Avalanche (AVAX) ;
• Litecoin (LTC).

Il existe également des cryptoactifs populaires mais plus douteux, relevant davantage de la catégorie des “shitcoins”, comme le Dogecoin (DOGE) ou le Shiba Inu (SHIB). Enfin, on peut également noter l’existence de tokens divers et variés, comme le Paris Saint-Germain Fan Token (PSG).

Fonctionnement de la cryptomonnaie

La blockchain est au cœur du fonctionnement des cryptodevises, qu’elles soient utilisées comme produit d’investissement financier ou comme moyen de paiement.

Cryptomonnaie et blockchain

Le fonctionnement des cryptomonnaies repose en grande partie sur la blockchain. Cette technologie de stockage et de transmission d’informations correspond à un registre virtuel qui tient à jour toutes les transactions visant un actif numérique donné. Ce registre est transparent, c’est-à-dire accessible à tous les utilisateurs, et sécurisé : les informations ne peuvent pas être effacées ou modifiées ultérieurement.

La blockchain fonctionne en suivant plusieurs étapes :

• L’identification des parties prenantes de la transaction ;
• La transmission de l’information concernant la transaction à un réseau d’ordinateurs localisés dans le monde entier. On parle alors de nœuds de stockage : ces derniers détiennent une copie de l’historique des transactions passées (base de données) ;
• La sécurisation de la transaction, à l’aide d’un mécanisme de consensus : chaque nœud valide les informations transmises ;
• Le déchiffrage des données et leur authentification, réalisées par des centres de données ou des mineurs de la cryptodevise concernée ;
• La validation de la transaction, qui se traduit par l’ajout d’un nouveau bloc à la blockchain ;
• La transmission d’une copie du nouveau bloc à l’ensemble des nœuds du réseau.

La cryptomonnaie comme produit d’investissement

A certains égards, le fonctionnement d’une cryptomonnaie en tant que placement s’approche du modèle fixé par les marchés financiers traditionnels. L’investisseur acquiert un nombre de cryptoactifs, ou une fraction d’une unité de cryptomonnaie, au prix en vigueur au moment de la transaction. La performance de son placement, positive ou négative, sera ensuite déterminée par la valeur de l’actif au moment de sa revente.

Compte tenu de la volatilité extrême de nombreux marchés de cryptoactifs, il s’agit avant tout d’un produit de placement spéculatif. Certaines cryptomonnaies, qualifiées de stable coins, cherchent à limiter la volatilité en adossant leur valeur à celle d’une monnaie de référence comme le dollar ou l’euro. Il existe également des stable coins adossés à l’or. L’USD Coin ou le Tether sont des exemples de stable coins connus.

Certaines cryptomonnaies peuvent également distribuer l’équivalent de dividendes boursiers : on parle alors de “staking”. En quelques mots, l’utilisateur doit participer à la sécurisation du réseau afin de percevoir des intérêts, sous forme de fractions de cryptoactifs. La rémunération des participants varie selon les actifs numériques. Notons que tous ne proposent pas l’accès au staking.

La cryptomonnaie comme moyen de paiement

L’utilisation de cryptodevises comme moyen de paiement est encore peu répandue en France. A date, des commerçants et fournisseurs de services peuvent accepter un paiement en Bitcoin, Ether, etc. Mais ils peuvent également le refuser, contrairement à un paiement en euros qui ne peut pas être décliné. A cet égard, les paiements en cryptomonnaie sont traités de la même façon que les règlements en devises étrangères (dollars, livres sterling, etc.).

Comment investir en cryptomonnaies

Focus sur les différentes manières de s’exposer à cette classe d’actifs et sur la question cruciale du stockage des cryptodevises.

Comment investir dans les cryptomonnaies

L’investissement en cryptomonnaies peut s’envisager de différentes façons.

Investir dans des cryptomonnaies en direct

Pour acquérir des cryptoactifs en direct, vous devez commencer par recourir aux services d’une plateforme, spécialisée ou non, et agréée par l’AMF. Ce dernier point est crucial, compte de la grande quantité d’acteurs non reconnus agissant dans ce domaine en vue d’escroquer les épargnants.

Toutes les plateformes ne proposent pas les mêmes services, ni l’accès aux mêmes actifs. De même, les frais peuvent varier d’un acteur à un autre.

Une fois votre compte ouvert, vous devez l’alimenter en euros (ou autre monnaie fiduciaire le cas échéant) pour pouvoir utiliser ces sommes afin d’acheter des cryptomonnaies. Les modes de paiement (virement, transaction par carte bancaire, etc.) et les modalités de prise en charge des dépôts varient selon l’intermédiaire choisi.

Les sommes déposées sur le compte peuvent être utilisées pour passer des ordres d’achat de cryptodevises. En cas de vente, la valeur des cryptoactifs cédés restituée aux épargnants sera versée sur le compte de dépôt.

Investir dans un fonds de cryptomonnaies

Si vous ne souhaitez pas vous lancer dans l’achat de cryptoactifs à proprement parler mais que leur potentiel de performance vous intéresse, vous avez d’autres solutions. Il existe ainsi des fonds d’investissement qui ouvrent la porte à une exposition à cette classe d’actifs de manière plus indirecte.

Ce type de placement vous propose d’acquérir des parts du fonds, plutôt que des cryptomonnaies à proprement parler. Le fonds lui-même détient une sélection de cryptoactifs diversifiée, de façon à viser une performance moins volatile que la moyenne et de profiter d’une meilleure liquidité. De la même manière que lorsque investissez dans un fonds de Private Equity par exemple, un ticket d’entrée minimum est demandé pour un premier investissement. De même, divers types de frais (frais d’entrée, de gestion, etc.) peuvent être retenus.

Investir dans des cryptomonnaies via une enveloppe fiscale (assurance vie, PER)

A date de publication de cette page, il n’est pas encore possible de placer son épargne dans des cryptoactifs ou des fonds dédiés aux cryptodevises dans le cadre d’une enveloppe fiscale avantageuse, comme l’assurance vie ou le Plan d’épargne retraite (PER).

Cette solution d’investissement pourrait toutefois voir le jour à l’avenir, en particulier si l’adoption de la cryptomonnaie et son cadre réglementaire devaient progresser.

Le stockage des cryptomonnaies

Dès lors que vous détenez des cryptomonnaies, vous devez les stocker dans un portefeuille dédié. Il peut s’agir aussi bien d’un portefeuille virtuel dématérialisé que d’un portefeuille matériel de type clé USB. On parle dans le premier cas de portefeuille chaud (hot wallet) et dans le second de portefeuille froid (cold wallet).

Les portefeuilles froids sont plus sécurisés, dans la mesure où l’appareil peut être déconnecté d’Internet et propose un cryptage dédié. Néanmoins, ce service n’est pas fourni par les plateformes d’investissement en cryptodevises : il doit être acheté séparément auprès d’un autre acteur, comme la société française spécialisée Ledger par exemple.

Dans le cadre d’un investissement dans un fonds dédié aux cryptomonnaies, la question du stockage ne se pose pas : vous détenez des parts d’un fonds, et non des actifs numériques en direct.

L’imposition des cryptomonnaies

Découvrez les modalités fiscales qui s’appliquent à l’investissement en cryptomonnaies.

Imposition des cryptomonnaies à la flat tax

Les cryptoactifs détenus par les épargnants français n’échappent pas à la fiscalité. Plus précisément, les gains réalisés suite à la cession de cryptodevises sont soumis à l’impôt sur le revenu. Ces gains doivent être renseignés dans la déclaration de revenus annuelle.

Précisons toutefois que la valorisation d’un portefeuille d’actifs numériques n’est fiscalisable qu’en cas de revente de tout ou partie des actifs numériques : les plus-values latentes, c’est-à-dire non encaissées, ne sont pas imposables.

La fiscalité retenue par l’administration pour l’imposition des cryptomonnaies est la flat tax ou prélèvement forfaitaire unique (PFU) de 30 %. Ce taux comprend 12,8 % au titre de l’impôt sur le revenu (taux forfaitaire) et 17,2 % au titre des prélèvements sociaux. Depuis 2023, il est possible de choisir l’option pour l’imposition au barème progressif de l’impôt sur le revenu dans la catégorie des bénéfices industriels et commerciaux (BIC).

Calcul de la plus-value imposable

Le calcul de la plus-value imposable s’établit selon la formule suivante :

Valeur de la vente – {Valeur de l’investissement initial x (Valeur de la vente / Valeur globale du portefeuille au moment de la vente)}

Pour illustrer ce calcul, prenons un exemple :

• Un épargnant achète pour 10 000 € d’un cryptoactif donné ;
• Trois années plus tard, son portefeuille s’est valorisé de 50 %, et vaut désormais 15 000 €. Il décide d’encaisser ses gains et de vendre 5 000 € de cet actif numérique ;
• Ce qui nous donne la formule de calcul suivante : 5 000 € – {10 000 € x (5 000 € / 15 000 €)}, soit 5 000 – 3 333 (33 % de 10 000).
• La plus value imposable est ici égale à 1 667 €. Avec l’imposition à la flat tax, l’impôt à payer sera égal à environ 500 €, soit un dixième de la plus-value brute.

Ces modalités visent les investisseurs particuliers occasionnels qui procèdent à la revente de leurs cryptomonnaies en échange d’euros ou à leur utilisation pour payer des biens et des services. Dans ce dernier cas, l’utilisateur est soumis à l’impôt dès lors qu’il a profité d’une plus-value entre l’acquisition des cryptoactifs utilisés pour le paiement et le paiement en lui-même. A noter que les bénéfices tirés d’une activité de staking sont soumis à la même fiscalité.

Quels sont les risques des cryptomonnaies ?

Par essence, les cryptoactifs constituent des placements risqués à plus d’un titre pour l’investisseur particulier.

Risques des cryptomonnaies liés à leur nature de placement financier

L’investissement en cryptomonnaies présente un certain nombre de risques pour l’épargnant :

• Risque de perte en capital ;
• Risque lié à la volatilité importante des actifs numériques, selon l’offre et la demande ;
• Risque fiscal (évolution de la fiscalité défavorable à l’investisseur) ;
• Risque lié à une évolution défavorable de la réglementation ;
• Risque de défaillance de l’intermédiaire financier (voir plus loin).

Risques spécifiques aux cryptomonnaies

Les cryptomonnaies en tant que telles présentent un certain nombre de risques spécifiques. En premier lieu, il s’agit d’une classe d’actifs très peu réglementée. Cela signifie notamment qu’il n’existe pas de garantie légale de remboursement en cas de défaillance d’une plateforme d’investissement, d’une erreur humaine ou technique ou encore d’un vol (défaillance de la sécurité d’un portefeuille).

En l’absence de véritable réglementation, le risque d’arnaque et d’escroquerie s’avère également significatif. S’il existe bien des intermédiaires financiers agrémentés et habilités à proposer des services d’investissement dans des cryptoactifs, certains acteurs peu scrupuleux parviennent encore à avoir pignon sur rue. Se présentant comme des intermédiaires de confiance, ils encaissent les fonds des investisseurs intéressés mais ne réalisent pas leur investissement et disparaissent ensuite avec l’argent collecté.

C’est pourquoi il est indispensable de s’assurer de la légitimité des plateformes d’investissement avant de verser les fonds. L’AMF tient une liste noire des acteurs à éviter qui peut être utile à ce titre. Néanmoins, sa seule consultation sera probablement insuffisante et il revient à l’épargnant de se renseigner un maximum au préalable.

Cryptomonnaie : avantages et inconvénients